Le traitement Nucléart du parquet de l’hôtel de Lesdiguières
En 1969, la Ville de Grenoble manifeste son intention de rénover le parquet, très altéré, de la salle des mariages de l’Hôtel de Ville, ancien Hôtel du Connétable de Lesdiguières, destiné à devenir le musée Stendhal. Depuis la réfection du parquet un siècle auparavant, certaines zones avaient été fortement attaquées par les moisissures et les insectes xylophages, ce qui avait largement contribué à amoindrir la résistance mécanique. L’épaisseur initiale des bois avait, par endroits, été réduite de 9 à 3 mm, une usure explicable par la forte fréquentation des lieux.
Louis de Nadaillac, ingénieur de la section d’application des radioéléments et des rayonnements au Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble, proposa alors à la Ville et au ministère des Affaires culturelles (direction de l’architecture) de transposer un procédé industriel de fabrication de « bois-plastique » (ou « bois densifié ») pour consolider, définitivement et à cœur, le bois de ce parquet historique.
Après de nombreux tests effectués pour vérifier la tenue des colles anciennes, les variations de dimensions des bois ou leur déformation, le projet, innovant pour un bien patrimonial culturel, fut accepté.
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) crée ainsi, en 1970, le programme « Nucléart » en vue d’appliquer, dans le domaine de la conservation du patrimoine culturel, certaines des propriétés spécifiques du rayonnement gamma telles que :
- la destruction des organismes vivants par irradiation à dose appropriée (désinsectisation et désinfection)
- la polymérisation de résines radiosensibles (procédé « Nucléart »)
Le traitement « Nucléart » -imprégnation de résine polymérisée (durcie) par irradiation- fut mis en œuvre entre mars et mai 1970.
Centre d’Etudes et de Traitement des Bois Gorgés d’Eau (CETBGE)
En 1981, dans le cadre d’un partenariat entre le CEA, la Direction des musées de France et la Ville de Grenoble, est créé le Centre d’Etudes et de Traitement des Bois Gorgés d’Eau (CETBGE).
Les méthodes de traitement pratiquées sont alors diversifiées (imprégnation de polyéthylène glycol, lyophilisation) et des travaux de restauration des bois archéologiques sont désormais effectués.
L’Atelier de Recherche et de Conservation Nucléart (ARC-Nucléart) regroupera, à partir de 1989, le CETBGE et le laboratoire Nucléart.
ARC-Nucléart devient un Groupement d’Intérêt Public (GIP) à but culturel.
Le Groupement d’intérêt public permet à des partenaires publics et privés de mettre en commun des moyens pour la mise en œuvre de missions d’intérêt général. Les cinq membres fondateurs du GIP ARC-Nucléart sont :
Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), le ministère de la Culture et de la Communication, la Région Rhône-Alpes, la Ville de Grenoble et l’Association ProNucléart. En 2017, la Région Rhône-Alpes quitte le Groupement qui compte désormais quatre membres au sein de son Conseil d’administration.
ARC-Nucléart est reconnu centre collaborateur de l’AIEA
En février 2023, ARC-Nucléart a eu l’immense honneur de recevoir le label « Centre de collaboration pour la préservation du patrimoine culturel par traitement par irradiation » de l’International Atomic Energy Agency (IAEA), la principale instance intergouvernementale au monde pour la coopération scientifique et technique dans le domaine nucléaire.
En tant qu’Organisation Internationale autonome du système des Nations Unies, l’AIEA s’emploie à promouvoir les utilisations sûres, sécurisées et pacifiques de la science et de la technologie nucléaires, et contribue ainsi à la paix et à la sécurité internationales et aux objectifs de développement durable.
« Grâce à l’association, au sein d’une même équipe, de compétences pluridisciplinaires liées d’une part aux domaines scientifiques et techniques et d’autre part aux domaines culturels, la collaboration de l’AIEA avec ARC-Nucléart produira des bénéfices directs pour la préservation du patrimoine culturel en appui des efforts internationaux»
a indiqué Najat Mokhtar, Directrice générale adjointe de l’AIEA.
Pour ARC-Nucléart, le soutien de l’AIEA facilite le partage avec les scientifiques et les professionnels de la conservation – restauration du monde entier. La diversité des approches techniques et culturelles révélées par les échanges internationaux est une source de progrès certaine. Ce label est donc une magnifique reconnaissance du travail effectué par ARC-Nucléart depuis plus de 50 ans.
Les 50 ans d’ARC-Nucléart
Depuis plus de 50 ans l’équipe grenobloise d’ARC-Nucléart met la science au service du Patrimoine dans différents domaines d’application.
Retrouvez les vidéos réalisés lors de la cérémonie de jubilé d’ARC-Nucléart le 26 novembre 2021 : ICI