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Collections historiques

Un bois très dégradé par des insectes xylophages

Le bois est un matériau organique composite, constitué de fibres de cellulose emprisonnées dans une matrice de lignine.
Comme tout matériau naturel issu du vivant, il est fortement biodégradable et, sans précaution de conservation, peut être rapidement détruit du fait de sa médiocre stabilité chimique. Les conditions environnementales, tout comme les activités des hommes,  peuvent favoriser sensiblement sa dégradation. Il est en effet, très sensible au pH ambiant, à la lumière solaire -notamment aux rayons ultra violets-, et aux variations de température et d’hygrométrie de l’air.

C’est un matériau hygroscopique et anisotrope : ces caractéristiques sont à l’origine de dégradations observables sur de nombreux objets. Lors de variations climatiques du milieu ambiant, le taux d’humidité interne du bois change, ce qui provoque des gonflements ou des retraits, ces déformations pouvant provoquer des gauchissements et des fissurations, des arrachements ou des décollements de la polychromie ou de la marqueterie.
Une autre cause importante de dégradation des bois secs est l’attaque biologique par les insectes xylophages. Les plus répandus dans le mobilier et la statuaire sont le lyctus, l’anobium punctatum ou petite vrillette, et le reticuliternus ou termite. Les larves des deux premiers se nourrissent en creusant des galeries dans le bois, à l’abri de la lumière. A la fin d’un cycle de vie, la larve se transforme en insecte qui s’envole, laissant un « trou d’envol » à la surface de l’objet.

Les champignons ont, eux aussi, leur part dans la dégradation des bois secs. Sous leur action, le bois se déstructure, les bois peints se boursouflent et se craquellent. Ces champignons se développent dans des milieux humides, obscurs et peu aérés, à partir de 80 % d’humidité dans l’air.

Diverses solutions sont proposées par l’atelier pour la conservation-restauration des bois secs.

​Les bois  secs, polychromés ou non revêtus, ont, dès l’origine du laboratoire, été pris en charge par ARC-Nucléart qui a utilisé les propriétés du rayonnement gamma pour :

  • traiter l’infestation des œuvres (désinsectisation ou désinfection par irradiation)
  • consolider les bois extrêmement dégradés, grâce au procédé « Nucléart sec » (imprégnation de résine styrène-polyester polymérisée par irradiation) : Irréversible, et donc peu utilisé, ce traitement exclusif est parfois le seul à permettre la sauvegarde d’une œuvre et rendre possible sa présentation.

ARC-Nucléart a complété son offre en proposant une palette complète de services, incluant les traitements :

  • de désinsectisation, avec l’anoxie dynamique ou un traitement à basse pression plus rapide et plus fiable, pour les objets de grandes dimensions ou contenant des éléments incompatibles avec l’irradiation.
  • en restauration avec toutes les étapes de la restauration traditionnelle effectuées par des restaurateurs diplômés de l’école nationale des Beaux-Arts de Tours :

       Etude et analyses de polychromie*

       Dégagement de polychromie

       Consolidations locales

       Comblements, collages, retouches colorées

       Soclage

Grâce à l’environnement scientifique et technique du CEA, permettant  de bénéficier de l’aide d’autres laboratoires, et aux propres équipements de caractérisation d’ARC- Nucléart (spectromètre IRTF et microscope électronique à balayage), les travaux des restaurateurs s’appuient sur des études approfondies des matériaux, et des polychromies en particulier.

  • en muséographie par la réalisation de supports de présentation ou de sécurisation des œuvres.

Musées et autres structures relevant de collectivités publiques ou de l’Etat, et parfois particuliers, font régulièrement appel à l’atelier pour tous types de collections historiques ou  ethnographiques, relevant du patrimoine civil ou religieux.

Sculptures en cours de désinsectisation en cellule d’irradiation Gamma

Cette méthode curative est certainement la plus efficace d’un point de vue biologique. L’objet est soumis au rayonnement gamma émis par le cobalt60 qui, traversant toute matière, a une action ionisante et létale pour tous les insectes, leurs larves et leurs œufs à partir de 500 Grays.

A ce jour, il s’agit de la seule méthode qui garantisse l’éradication certaine de toutes sortes d’insectes et de micro-organismes. La cellule d’irradiation  permet  de traiter simultanément, en quelques heures, 2 à 3 m³ d’objets pouvant être irradiés dans leur emballage de transport, ce qui évite les manipulations répétées et dangereuses.

Principes de fonctionnement de l’irradiateur d’Arc-Nucléart

L’innocuité de la méthode a été prouvée pour le mobilier et les bois polychromés.

Ce procédé n’est, en revanche, pas utilisé pour des objets contenant des matières transparentes (verre, plastique…) en raison d’un léger obscurcissement sous irradiation gamma.

Ce procédé est aussi utilisé à une dose plus élevée (10 kGrays) pour éliminer les bactéries ou les champignons. Le traitement dure plusieurs jours pour atteindre cette dose. Il a été mis en œuvre notamment pour désinfecter la momie de Ramsès II en 1976 et, en 2010, à dose d’environ 30kGrays les bactéries présentes dans un bébé mammouth sibérien, Khroma.

Le procédé est également utilisé pour la désinfection d’archives, ayant notamment subi des dégâts d’inondation et présentant des moisissures.